Ce complément alimentaire connaît un succès grandissant, en particulier chez les personnes végétariennes ou véganes.
Initialement perçue comme un moyen de lutte contre la malnutrition, la spiruline est un complément alimentaire qui connaît un succès grandissant, en particulier chez les personnes végétariennes ou véganes (ne consommant aucun produit alimentaire d’origine animale). Et pour cause, la liste des vertus santé qui lui sont attribuées ne cesse de s’allonger: elle comblerait les carences alimentaires, renforcerait le système immunitaire, diminuerait le taux de cholestérol, combattrait la fatigue et serait un antioxydant naturel doublé d’un détoxifiant... Cette star des parapharmacies est-elle vraiment le complément alimentaire «miracle» qu’elle prétend être?
La spiruline est riche en protéines
Présentée sous forme de comprimés, de pâte ou de paillettes, la spiruline présente des atouts nutritionnels certains. Cet organisme comestible et facilement digestible, mi-algue mi-bactérie, est naturellement présent dans les lacs d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie du Sud. Désormais, la spiruline est cultivée de façon industrielle partout dans le monde. Rien qu’en France, 30 tonnes sont produites chaque année, selon la Fédération des Spiruliniers de France.
La force principale de la spiruline est sa teneur élevée en protéines - de l’ordre de 60 à 70% -, soit plus que celle du poisson (25%), du soja (35%) ou des céréales (14%). Cette richesse doit toutefois être mise en regard avec les faibles quantités consommées chaque jour.
À la quantité s’ajoute la qualité. En effet, la spiruline contient la quasi-totalité des acides aminés (il en existe 20), dont une bonne part d’acides aminés indispensables que le corps ne sait pas fabriquer. Un détail qui a son importance, puisqu’aucune de ces 20 «briques chimiques» servant à la construction des protéines ne doit manquer pour que nos cellules fonctionnent correctement. Toutefois, certains acides aminés indispensables aux enfants (tryptophane, lysine et l’histidine) sont peu abondants dans la spiruline.
Une bonne source de vitamines...
La spiruline contient également une large gamme de vitamines, dont la teneur peut varier en fonction des procédés de séchage. En effet, les vitamines sont sensibles à la chaleur. La vitamine la plus abondante est la provitamine A, une molécule qui peut être convertie en vitamine A. Il est estimé qu’il faudrait prendre entre 3 et 6 grammes de Spiruline pour couvrir les besoins journaliers en vitamine A recommandés chez l’adulte, évalués à 900 microgrammes.
Outre la provitamine A, la spiruline est riche en vitamine E. Celle-ci a des propriétés antioxydantes qui aident à lutter contre le vieillissement prématuré des cellules.
...Mais pas de vitamine B12
Dans une moindre mesure, la spiruline contient des vitamines B, dont la vitamine B12. Celle-ci intéresse particulièrement les personnes véganes puisque la B12 se trouve exclusivement dans les aliments exclus de leur régime: la viande, le poisson et les œufs. Malheureusement, plusieurs études ont montré qu’une grande partie de la vitamine B12 retrouvée dans la spiruline ne peut pas être assimilée par le corps humain. C’est pour cela qu’en 2016, l’académie américaine de nutrition et de diététique a établi que la spiruline ne constitue pas une source fiable de vitamine B12 pour les populations végétarienne et végétalienne. Un fait également confirmé par l’Agence française de sécurité des aliments (Anses).
Des teneurs en minéraux correctes
Calcium,potassium, phosphore, magnésium, fer, zinc, cuivre...La spiruline contient un bon nombre de minéraux, dont les teneurs peuvent être enrichies lors de la culture. En ce qui concerne le fer, il est estimé qu’une dose de 10 grammes de spiruline couvrirait de 64% à 200% des besoins d’un enfant âgé entre 6 mois et 3 ans. Par comparaison, une dose de 38 grammes de céréales complets suffit à couvrir les besoins en fer d’un enfant. La spiruline contient également des quantités intéressantes de magnésium et de potassium. Par contre, elle ne représente pas, une très bonne source de zinc, de sélénium et d’iode à l’état naturel. Des enrichissements dans le milieu de culture peuvent toutefois enrichir la spiruline en zinc et en sélénium.
La consommation de spiruline n’a toutefois d’intérêt que si elle accompagne un régime alimentaire équilibré. Par ailleurs, on ne sait pas précisément dans quelle mesure les nutriments qu’elle contient sont correctement absorbés par l’organisme.
Des allégations de santé incertaines
Bon nombre des vertus santé qui sont attribuées à la spiruline n’ont, pour l’heure, pas de fondement scientifique. Il n’y a pas suffisamment de preuves permettant de dire que la spiruline aide à la digestion ou à perdre du poids, ni qu’elle permet de diminuer l’anxiété et le stress. Quelques rares études ont montré un effet bénéfique de cette micro-algue sur la diminution du taux de cholestérol ou ont révélé qu’elle avait effectivement des propriétés antioxydantes, mais elles ont été menées sur un petit nombre de personnes, parfois sans groupe «contrôle». À noter que la spiruline n’est pas considérée comme un médicament, mais comme un complément alimentaire.
Mise en garde
Suite à plusieurs cas d’effets indésirables, l’Agence française de sécurité des aliments (Anses) a mis en garde les consommateurs de spiruline en novembre 2017. L’Agence a souligné que ces produits peuvent être contaminés par des cyanotoxines, des bactéries ou des traces de plomb, de mercure et d’arsenic. En revanche, l’Anses a estimé qu’en l’absence de contamination, la spiruline consommée à faibles doses (jusqu’à plusieurs grammes par jour chez l’adulte) ne présente pas de risque particulier. Il est recommandé aux consommateurs d’acheter de la spiruline issue de circuits conformes à la réglementation, contrôlés par les pouvoirs publics.