vendredi 2 mars 2018

Alimentation riche en graisse pour combattre l'épidémie de diabète et d’obésité?

L’alimentation faible en glucides et cétogène suscite autant l’engouement que la controverse. Au-delà des opinions polarisées, des patients qui l’ont essayée disent avoir vaincu divers maux, dont le diabète de type 2. Du côté de la science, des études, oui, mais aucune n’a fait bouger les lignes directrices en nutrition ou contre le diabète, qui sont de limiter les gras et de privilégier les glucides complexes, comme les grains entiers et les légumineuses. Le Devoir a tenté d’y voir plus clair.
« Ça fait 40 ans qu’on vous dit de ne pas manger de gras. Moi, je vous dis, mangez du bacon, mettez de la crème dans votre café, buvez de l’huile d’olive au goulot si vous le souhaitez ! » Dans la salle, des mines perplexes. À l’avant, l’omnipraticienne Évelyne Bourdua-Roy ne blague pas. Elle recommande même de saler davantage !
Nous sommes en février 2017, à Sorel. 

Des patients convaincus

La mi-cinquantaine, Jacques LeBlanc traînait un diabète de type 2 depuis dix ans. Près d’un an après avoir adopté l’alimentation cétogène, c’est avec une grande fierté que ce patient de la Dre Bourdua-Roy s’apprête à recevoir l’autorisation de cesser sa médication contre l’hypertension. La seule qu’il lui reste !
Sa perte de poids, 40 livres, est pour lui un effet collatéral. « Mon but, c’était vraiment de ne pas prendre d’insuline », dit-il. Ce qui lui manque ? « Les pommes. Des fois, je me gâte et j’en mange une. » Il rit.


Tous les médecins de famille à qui Le Devoir a parlé et qui recommandent l’alimentation cétogène ou faible en glucides l’ont d’abord adoptée pour eux-mêmes. Elles sont environ 2500 femmes médecins canadiennes curieuses de l’approche à faire partie d’un groupe Facebook privé. On rapporte aussi des tensions avec les détracteurs, notamment des nutritionnistes. C’est que le tout entre en totale contradiction avec ce qui est enseigné à l’université.
La Dre Hala Lahlou croit avoir été une des premières médecins québécoises à en faire la promotion, il y a environ un an et demi.


Quels risques ?

Les médecins rapportent quelques crises de foie chez les patients. Certains ont vu leur cholestérol sanguin augmenter. 

AVERTISSEMENT

Toute personne qui présente des problèmes de santé ou qui prend des médicaments doit être suivie par un médecin de manière régulière si elle désire entreprendre une alimentation cétogène ou faible en glucides.
La principale controverse autour de l’alimentation faible en glucides reste sa promotion fréquente du bacon, de la crème et du beurre, riches en gras saturés, qu’on accuse de favoriser les maladies cardiaques.
Le Dr Martin Juneau exprime des réserves pour cette raison. Le cardiologue privilégie d’autres approches en première intervention, soit les régimes méditerranéen ou végétalien. Mais il lui arrive de conseiller l’alimentation faible en glucides. Il n’hésite pas à affirmer que le diabète de type 2 n’est pas une fatalité, mais une maladie qui se guérit grâce aux habitudes de vie.


CÉTOGÈNE ET DIÈTE FAIBLE EN GLUCIDES, DÉFINITIONS

L’alimentation faible en glucides comporte un apport modéré de protéines, soit environ 20 % des calories quotidiennes. 

Les personnes suivant ce régime se permettent quelques apports en glucides. 

UNE APPROCHE HISTORIQUE

Éviter les glucides, notamment quand on est diabétique, n’est pas un concept nouveau. Il y a cent ans, le livre Diabetic Cookery : Recipes and Menus proposait exactement cela. 

Aucun commentaire: